Réfugié ''volontaire''                       - un témoignage -                                                                                                       

    J'ai fui avec ma famille une invasion étrangère, porteuse de menaces graves. J'avais alors 5 ans. Le dernier train en partance vers une région plus sûre, avant l'arrivée de l'envahisseur, était un convoi de wagons destinés à l'acheminement de bestiaux. Nous fûmes avec beaucoup d'autres entassés dans ces wagons obscurs car sans fenêtres, debout, les chaussures dans la paille, comme du bétail que l'on conduit à l'abattoir ... mais c'était vers la liberté ! Que ne supporterait-on pas pour cela ?

    Pour échapper aux bombardements des avions ennemis qui visaient les convois soupçonnés de transporter des armes et des troupes, notre train-fantôme faisait souvent des arrêts, parfois de plusieurs heures, quelquefois dans des tunnels ferroviaires où l'on se sentait à l'abri, où l'angoisse se desserrait et où les grandes portes à glissière pouvaient s'ouvrir nous apportant de l'air frais venant de l'extérieur. Je me souviens que j'avais à côté de moi une femme qui donnait le sein à son bébé, spectacle émouvant et tendre au milieu de cet enfer ...

    Parvenus en gare d'une grande ville du monde encore libre, nous fûmes orientés, je ne sais trop comment, vers une ferme où des gens bons et simples nous accueillirent, jusqu'à ce que nous pûmes, quelques mois après, retourner dans notre pays ...

    Plus tard, devenu adulte, je fus un réfugié ''volontaire'', fuyant une société corrompue et dangereuse, pour me rendre dans un lieu respirable et y vivre de la vraie liberté, celle que Dieu donne à l'âme.

    Avec quelques amis bons et fidèles, nous avons créé ce lieu où il fait bon vivre. Nous avons fui l'esclavage moderne d'un monde hostile à l'homme, à l'humanisme authentique, car ce qui compte pour lui, c'est l'argent et tout ce qu'il procure de choses matérielles, comme si nous n'étions qu'un bétail que l'on mène paître et que l'on parque en enfer ...

    Je faisais référence à mon statut de réfugié à l'âge de
5 ans. Puis j'ai ouvert la voie à un statut de réfugié ''volontaire'', autre manière ! Oui, j'ai cherché refuge hors de cette société, j'ai fui ses barbelés avant qu'ils ne se referment sur moi ; j'ai fui cette souricière ...

    J'ai cherché un asile de paix, un asile contre l'ennui mortifère, un asile inviolable, comme un abri en haute montagne, un refuge pour les malheureux, dont j'étais. Ne l'ayant pas trouvé, je l'ai créé avec des amis, des gens comme tout le monde. Et cela existe depuis 40 ans de combat, car la paix se gagne jour après jour, heure par heure, au-dehors et au-dedans.

    ''Au-dedans'', je veux dire à l'intérieure de soi, car l'ego égoïste, avare, orgueilleux et rebelle est le pire adversaire, qu'il faut vaincre par l'altruisme, l'amour de l'autre pour l'autre. Nous nous aimons beaucoup, comme frères et sœurs d'une famille d'esprit et de cœur. Quel miracle en ce temps-ci ! Mais nous pensons aux autres. Aussi avons-nous créé ''Le Village Espérance'', petite Association née il y a 40 ans, dont le but est l'accueil gratuit des réfugiés de l'âme, si j'ose dire.

    Dans nos sociétés occidentales où la plupart ne manquent de rien sur le plan matériel, quelle pauvreté, quel dénuement sur le plan spirituel ! C'est pour cela qu'il nous en vient de temps en temps l'un ou l'autre en quête d'un ''supplément d'âme'' sans lequel un vrai bonheur est tout bonnement impossible. Car on finit tôt ou tard par se lasser du confort matériel, des plaisirs faciles et factices. La nature où nous étions destinés à vivre se rappelle à notre mémoire profonde et accroît notre sentiment d'un exil dans ce monde formaté sur le mode robotique.

    Il fallait donc offrir à ceux qui fuient ce monde-là, - pour nous, les vrais ''réfugiés'', - une alternative réaliste, effective, qui tienne la route, et qui a fait ses preuves au fil du temps.

    Nous sommes peu, car nous sommes les pionniers d'un
monde en devenir, préparant la venue d'un plus grand nombre quand l'écroulement de cette société les y poussera, même les y contraindra. Ayant tout perdu, ils ne pourront plus regarder en arrière, car derrière eux sera le vide, destructions irréparables sans espoir de retour. Alors ils se décideront, pour certains, à changer de mentalité et de vie. Véritable reconversion de bout en bout. Ce sera un tout autre monde. On ne le rêve pas, on s'y prépare, on le prépare.

    Le domaine du ''Village Espérance'' se veut être un embryon de ce monde-là, prémices de ce qui vient, pont entre le passé et l'avenir ...

    Depuis plusieurs années, ''Le Village Espérance'' se prépare activement, - entre autre par la création d'une zone du domaine spécialement dévolue à l'accueil d'urgence, - au déferlement d'une vague de réfugiés d'un genre inédit, qui viendront non pas du Moyen-Orient ou d'Afrique, mais d'Europe et même de France. Sans avoir à jouer au prophète, la simple observation attentive des évolutions géopolitiques et politiques permet de prévoir où l'on va.

    Il se passera un double phénomène : effondrement des structures actuelles de la société, provoqué par la faillite financière, les désordres sociaux, la déliquescence morale, sans parler des facteurs extérieurs tels que accidents nucléaires, bug informatique de très grande ampleur, tremblements de terre et irruptions volcaniques, pandémies, changements climatiques, guerres, ... Et, d'autre part, concomitamment, réveil des consciences, à la faveur des souffrances et privations sans précédent que vont connaître nos populations du fait de tout ce qui vient d'être dit avant.

    C'est ici que se place notre créneau d'accueil spécifique pour un avenir très proche.

    Certes, il faudra nourrir et loger, et nous avons tout prévu dans ce domaine. Mais il faudra aussi offrir des conditions psychologiques, morales et spirituelles, qui répondent à l'attente de certains qui se présenteront, animés alors du désir de renouer avec les valeurs pérennes d'un véritable humanisme qui intègre aux choses du corps celles de l'âme et de l'esprit, et ceci par-delà toute appartenance à des institutions.

    Nous voici, pensons-nous, à la charnière entre deux mondes, deux types de société ou de civilisation. Mais il manque des passeurs. Serait-ce notre humble tâche ? Et pourquoi pas, la vôtre ?

    Il existe nombre d'associations humanitaires qui répondent aux besoins corporels et matériels de ceux qui fuient leur pays. Notre vocation spécifique est de secourir aussi les cœurs et les âmes de nos frères éprouvés et de leur offrir une alternative de vie, personnelle et en groupe, une conception de l'existence humaine ouverte à la Transcendance, et aussi à l'émergence d'un monde nouveau. Du ''Monde Nouveau'' que Dieu va faire. Dieu avec nous, Dieu avec vous !

Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer